Présentation de la journée d'étude du 14 mars 2008
entre coopération et stratégies d'intégration
Chaque organisme a des besoins en archives qui conduisent à une confrontation d’offres et de demandes. Les archivistes doivent s’efforcer d’appliquer les règlements et pratiques professionnelles en vigueur tout en s’adaptant aux exigences des organiations. N’y a-t-il pas lieu de constater les limites de la position traditionnelle des archivistes qui consiste à édicter des règles et des normes ? Comment les besoins des organisations influencent-ils le travail et la place de l’archiviste ? Comment s’expriment ces besoins ? L’influence est-elle positive ou dangereuse ?La journée d'étude aura lieu le 14 mars 2008 à Angers, Maison départementale du tourisme :
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Le programme et la liste des interventions seront communiqués sous peu.
Programme et bulletin d'inscription de la journée d'étude
entre coopération et stratégies d'intégration
Dépliant téléchargeable (pdf)
9h30 - Ouverture de la journée : Didier Le Gall, doyen de la faculté des lettres, langues et sciences humaines de l'université d'Angers et Mathilde Armand, présidente de l'AEDAA
Président de séance : Yves Denéchère - Professeur à l'université d'Angers
11h00 - 11h20 - Discussion
11h20 - 11h40 - Pause
11h40 - L'apport de la sociologie des organisations, par Carole Le Rendu-Lizée - Université d'Angers, Laboratoire angevin de recherche en gestion des organisations
12h00 - La norme ISO 9001 et la gestion de la documentation, par Marie-Dominique Lucas - Consultante en qualité de la direction de la prospective et de la modernisation, conseil général de Maine-et-Loire
12h30 - 14h00 - Pause déjeuner
14h00 - Couverture du risque par la gestion de l'information : une stratégie d'entreprise, par Franck Vieillefon - Responsable du traitement documentaire, société Eséis
14h20 - Le knowledge management et la capitalisation de l'information et de la connaissance, par Jean-Marc Blancherie - Fondateur et directeur d'I-KM, Intelligence knowledge management
15h00 - Les nouvelles exigences du marché de l'emploi. Enquête à partir des offres de 2006 et 2007, par les étudiants du master 2 professionnel archives et réseaux documentaires de l'université d'Angers
15h20 - La place des archives parmi les systèmes d'information, par Pierre-André Martin - Directeur des systèmes d'information et de l'innovation numérique, région des Pays-de-la-Loire ; Agnès Dejob - Responsable du pôle archives, région des Pays-de-la-Loire
15h35 - 16h00 - Pause
16h00 - L'archiviste et le records management : de la théorie à la pratique, un retour d'expériences, par Mathilde Armand - Coordinateur de la gestion documentaire et de l'archivage, société Snecma Services, Groupe Safran
16h20 - Le centre de formation des archivistes, hasard ou nécessité ? par Clarisse Holik - Responsable du centre de formation de l'Association des archivistes français et responsable du secteur archives de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail
16h40 - 17h00 - Discussion
17h00 - Conclusions : Patrice Marcilloux - Maître de conférences à l'université d'Angers
Présentation du Master 2 Pro Archives
Le Master professionnel Archives et réseaux documentaires, parcours Histoire et métiers des archives - de son petit nom Master 2 Pro Archives, peut être intégré :
- soit à la suite d'un cursus classique dispensé à l'Université d'Angers : Licence 3 Histoire, parcours Patrimoine écrit -> Master 1 Histoire, Géographie, Document -> Master 2 Professionnel Archives,
- soit après un Master 1 (ancienne maîtrise) en Sciences humaines (histoire...).
L'année de Master Pro Archives se subdivise en deux semestres :
- le 1er semestre, effectué dans l'enceinte de l'université, est consacré aux cours. Au programme : archivistique, interventions de professionnels des archives (secteurs public et privé), conduite de projets archivistiques, visite de services d'archives, paléographie, latin ou anglais, histoire des institutions, droit de la culture, droit constitutionnel, communication, management, nouvelles technologies. Le semestre se termine notamment par l'organisation d'une journée d'étude,
- le 2nd semestre est consacré au stage, effectué indifféremment dans les secteurs public ou privé. Lors de ces 3 mois, l'étudiant doit d'une part traiter un fonds d'archives et réaliser un instrument de recherche, et d'autre part mener à bien un projet de valorisation, d'organisation ou de records management. La fin du stage donne lieu à la rédaction d'un mémoire soutenu en septembre devant un jury composé d'universitaires et de professionnels.
- gestion des services d'archives (comme son nom l'indique...)
- valorisation du patrimoine archivistique (projets éducatifs et de valorisation en lien avec les Archives départementales et les enseignants)
- records management (gestion et organisation des documents dès leur création)
TELECHARGER la présentation des formations ARCHIVES et RESEAUX DOCUMENTAIRES de l'Université d'Angers.
Qui sommes-nous ?
Quelles études avez-vous suivies avant d’intégrer le Master 2 pro Archives ?
- deux étudiants sont titulaires d'une maîtrise ou master 1 recherche en histoire et une étudiante a fait un master 2 recherche en histoire
- six étudiants ont suivi le parcours en archives dès la licence à l'université d'Angers
- certains ont suivi auparavant un autre cursus : DUT Information et communication, option documentation d'entreprise, licence d'administration publique, classe préparatoire à l'Ecole nationale des charges, etc.
Aucun des étudiants interrogés n'a effectué la totalité de son cursus universitaire à l'université.
Avez-vous eu un parcours professionnel ?
La plupart des étudiants n'ont pas d'expérience professionnelle dans le domaine des archives, hormis des stages. Deux ont répondu avoir travaillé dans le secteur : vacations aux archives départementales, Centre des Archives diplomatiques de Nantes, Direction régionale de l'équipement de Paris, etc.
Pourquoi avez-vous choisi une formation d’archiviste ?
Plusieurs raisons sont avancées :
- découverte du métier d'archiviste
- goût pour l'histoire et les documents, travailler pour la recherche historique
- goût pour la gestion de l'information
- effectuer un service d'intérêt public
- en prolongement et en complément d'un parcours professionnel
- la recherche d'un métier où il existe des débouchés
- faire des tâches pluridisciplinaires
Plusieurs étudiants évoquent également la volonté de trouver une profession proche de l'histoire autre que celle d'enseignant.
Comment définiriez-vous le métier d’archiviste ?
La définition du métier est aussi diverse que les raisons qui poussent les étudiants à intégrer la formation :
- un aide aux administrations afin de construire une gestion rigoureuse des documents, tout en répondant à des besoins précis, permettant d’améliorer la performance de la structure
- un collecteur de l'histoire de demain
- une personne chargée de la bonne conservation de la mémoire d’un organisme
- un métier polyvalent où la gestion du document, cœur du métier, entraîne des tâches variées de logistique, de réflexion intellectuelle, de rencontres et de valorisation du patrimoine
- un métier scientifique et dynamique
- un métier ouvrant aux autres pour enrichir ses connaissances
- un métier de contact, à la fois auprès des services producteurs et des usagers, valorisant puisqu’il permet de participer activement à la transmission et à la sauvegarde du patrimoine historique et requérant des connaissances pluridisciplinaires (histoire, droit, informatique…). Actuellement, il est en pleine évolution du fait de l’archivage électronique et du développement du records management
Que préférez-vous dans ce métier ?
Goût pour la communication, contact avec les différents interlocuteurs (producteurs et public) sont des éléments récurrents. Mais chacun a son avis :
- la démarche transversale qui permet d'améliorer la performance de la structure
- la logique de structuration de l’information afin de la rendre pertinente et utilisable
- la découverte de l’inconnu, avec des activités variées dans le temps et diverses dans leurs formes
- le contact avec les archives historiques, l'utilisation quotidienne de connaissances historiques
- la valorisation des documents
- l’impression d’être utile, pour l’entreprise ou le public, même s’il faut toujours prouver que les archives sont utiles
Interview : Patrice Marcilloux, responsable de la licence professionnelle
Maître de conférences et conservateur du patrimoine, Patrice Marcilloux est responsable de la licence professionnelle traitement et gestion des archives et des bibliothèques et enseignant au sein du master 2 Archives et réseaux documentaires de l’université d’Angers, depuis 2005. Il est également chargé de mission pour l’insertion professionnelle au sein de l’UFR des lettres, langues et sciences humaines.
Quelles études avez-vous suivies ?
Quel a été votre parcours professionnel ?
Puis, à la suite de cette première phase de carrière, j’ai postulé et j’ai été recruté par la voie du détachement pour un poste de maître de conférences à l’université d’Angers, au sein de la filière archives.
Pour résumer, mon grand poste a été les archives départementales du Pas-de-Calais, où j’ai eu le temps de faire pas mal de choses, dans un département qui est un grand département, dans un service important. Cela a été la partie la plus stimulante de ma carrière jusqu’à présent, bien sûr.
Comment définiriez-vous le métier d’archiviste ?
Ce sont des professionnels du document qu’il soit ancien ou très récent et quel que soit son support. Cela consiste, dans certains services, à conserver des documents anciens, très prestigieux, qui sont des documents d’histoire, mais aussi à collecter les documents qui seront, un jour, historiques. Il y a donc toute une chaîne archivistique et différents aspects à ce métier.
Que préférez-vous dans ce métier ?
Moi, dans mon exercice, cela a été la diversité. Dans mes postes de direction, j’ai aimé, mais c’est particulier et lié à ces postes-là, la diversité entre les tâches de cette fonction : le mélange entre les tâches scientifiques et administratives. Faire fonctionner ou être en charge d’un service administratif, d’un service public, qui a une mission de conservation et donc une tâche particulière, m’a intéressé. Évidemment, j’ai apprécié la diversité des supports, des époques mais aussi des tâches. Le mélange du traitement scientifique, des tâches de valorisation, des aspects administratifs et techniques, qui sont forcément derrière pour faire marcher la machine, voilà ce qui moi m’a motivé le plus.
Et puis, j’ajouterais l’espèce de poste d’observation privilégié que l’on a quand on est archiviste dans n’importe quel type d’organisation. C’est-à-dire que, si on a le goût d’essayer de comprendre un peu comment fonctionnent les structures et organisations dans lesquelles on se trouve, on a le poste d’observation, à mon avis, le meilleur et le plus privilégié. Comme archiviste, on voit tout. Et on se rend compte assez rapidement que l’on en comprend et que l’on en sait plus que beaucoup de responsables d’une organisation, quelle qu’elle soit, parce qu’on est en contact avec toutes les parties de cette organisation pour collecter les archives, régler les problèmes d’archives, etc.
J’ajoute que, dans le cas particulier des archives départementales, on a un privilège comme directeur des archives départementales qui est presque unique aujourd’hui : être en relation à la fois avec les administrations du département et celles de l’État dans un département. On peut donc parler avec le président du conseil général et le préfet et être à la fois collaborateur de l’un et de l’autre. Aujourd’hui, c’est assez privilégié comme position. On comprend et on voit passer beaucoup de choses. Ainsi, en tant que directeur d’archives départementales, au bout d’un certain temps, vous avez une connaissance du département, qui est très intéressante à avoir, à acquérir, à faire progresser, et cela en étant connecté avec la fonction archive.
J’ai aimé aussi les tâches de valorisation culturelle, les expositions et toutes les occasions de contact avec le public. J’ai apprécié toute l’alchimie qui consiste à faire que ces moments de contact avec le public ne nuisent pas à d’autres missions du service mais, au contraire, soient en osmose le plus possible avec l’aboutissement des tâches que l’on considère comme plus fondamentales comme la collecte, du traitement, de la conservation.
Quelles sont, pour vous, les évolutions fortes de ce métier ?
Les enjeux seront pour la profession de continuer à savoir se situer par rapport à ces évolutions, c’est-à-dire quel est notre point de vue ? On ne cherche pas à être informaticien, ni gestionnaire de système d’information au sens complet du terme. Autrement dit, est-ce que nous estimons que notre point de vue est toujours essentiellement patrimonial ? Bien sûr, il faut être compétent, il faut comprendre, être techniquement au point et ne pas être retardataire. Notre mission, in fine, est dans la constitution d’un patrimoine, de quelque chose qui est destiné à être un patrimoine, qui aura un usage historique et d’autres usages pour le public. L’enjeu est de quelle manière la profession va continuer à se positionner par rapport à ces évolutions ou va faire un peu évoluer son positionnement par rapport à tout cela. Ces évolutions sont techniques mais, pas uniquement. On le voit bien avec l’organisation de notre journée d’étude. C’est aussi une affaire de points de vue : est-ce que l’on fait passer en premier les besoins des organisations ou ceux que nous estimons, nous, être prioritaires ? Si on fait passer en premier les besoins des organisations et uniquement ceux-ci, l’aspect patrimonial risque de devenir peu à peu secondaire. Ainsi, on voit que l’enjeu est la conception du métier. Par ma formation, j’ai du mal à quitter le point de vue du document d’archives, source potentielle d’histoire. Pour moi, ce que nous faisons c’est bien pour préparer un matériau historique.
Quels sont, pour vous, les points forts du parcours archives dispensé à Angers ?
Nous revendiquons une volonté d’équilibre : on essaye de former d’une manière générale, sans qu’il y ait une spécialisation excessive dans un domaine donné, tout en essayant de faire qu’il n’y ait pas de lacune trop importante dans un secteur particulier. Peut-être, cette position, un jour, sera intenable car, peut-être, des archivistes deviendront hyper spécialisés en archives électroniques et ne sauront que cela. Pour l’instant, ce n’est pas le cas et ce n’est pas la demande de la profession. On essaye de continuer à former des archivistes généralistes, capables de s’adapter à toute une série d’emplois, sans en exclure aucun.
Autre point fort : l’université a, dès le départ, fait le choix de faire appel à des conservateurs d’archives pour piloter l’offre de formation. L’enseignement professionnalisé à l’université n’équivaut pas à un enseignement purement pratique. Cela reste un enseignement qui a des ambitions sur le plan intellectuel. Grâce au fait que l’université ait fait appel à un conservateur pour piloter cela, l’équilibre s’est rapidement fait entre des intervenants extérieurs, le conservateur et des universitaires, pris au sein de l’université, qui assurent des cours.
Le travail en mode projet est aussi un point fort. C’est formateur de travailler sur des projets réels. Entre faire un cours sur comment organiser une journée d’étude et aller jusqu’au bout de l’organisation, ce n’est pas tout à fait pareil.
L’ancienneté de la formation est aussi une force. Cela fait qu’elle s’inscrit dans le paysage. Il y a une association d’anciens élèves[1], un réseau donc elle est mieux connue.
Les liens que l’on a avec les archivistes locaux, l’intérêt des archives départementales de Maine-et-Loire pour la formation sont également une force.
À l’heure actuelle, nous sommes ceux qui proposent l’offre de formation la plus complète et la plus large avec : un master 2, un parcours dès la licence, une licence professionnelle. Cela donne une palette de possibilités, une palette de niveaux et de type de formation.
Au-delà de cela, une autre évolution est d’essayer de développer une recherche en archivistique, tout en gardant cette professionnalisation. Nous avons en projet de créer un doctorat. Nous avons la volonté de développer cela dans un type de recherches appliquées comme dans un type de recherches fondamentales. Les recherches appliquées peuvent être la mise au point d’outils d’évaluation des archives par exemple, à partir des fondements théoriques de l’archivistique actuelle. Je pense qu’il y a aussi de la place pour une réflexion fondamentale en archivistique. Il y a des principes en archivistique, qui nous ont été enseignés comme des manières de faire intangibles, qu’il faut peut-être interroger, comparer sur le plan international. Cela nous permettrait d’avoir une offre encore plus fournie encore plus complète de formation. Cela est toujours dans l’idée de montrer que, dans une formation professionnalisée, il y a des techniques, des pratiques mais aussi des réflexions théoriques.
[1] L’AEDAA est l’Association des étudiants et diplômés en archivistique d'Angers (http://archinet.aedaa.free.fr).
[2] Le records management est l’ « ensemble des techniques destinées à rationaliser la production, le tri, la conservation et l’utilisation des archives courantes et intermédiaires ». (Association des archivistes français, Abrégé d’archivistique, Paris, 2007, p 302)
Interview : Bénédicte GRAILLES, responsable du master 2 archives et réseaux documentaires
Quelles études avez-vous suivies ?
J’ai suivi un double cursus. Tout d’abord, une maîtrise de lettres classiques puis un doctorat d’histoire. Ma thèse portait sur les phénomènes commémoratifs durant
J’ai également un diplôme préparant aux métiers du patrimoine grâce auquel j’ai rencontré les archives.
Êtes-vous toujours chercheur ?
J’effectue toujours des recherches mais désormais centrées sur des questions archivistiques, comme celles de l’évaluation ou de la classification.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Avant d’être maîtresse de conférences à Angers, j’ai travaillé durant quinze ans en archives départementales. Mes missions y ont évolué. Lorsque j’y suis arrivée, le service s’informatisait. Cela m’a permis d’être en contact avec cette problématique. Dans ce service, j’ai eu différentes tâches : l’encadrement scientifique, la valorisation avec, par exemple, l’organisation d’expositions, la gestion d’équipes, des tâches scientifiques, différentes missions transversales. Être dans un gros service d’archives départementales permet de balayer l’ensemble des fonctions classiques de l’archiviste.
Quand je suis devenue enseignante, il n’y a pas eu de rupture entre ma profession d’archiviste et le fait de former. En effet, j’effectuais déjà des recherches, j’étais chargée de cours en université et j’intervenais dans le cadre de la formation continue lorsque j’étais en poste aux archives départementales.
Je suis devenue maîtresse de conférences à Angers par « hasard » : l’université d’Angers voulait que la formation soit assurée par quelqu’un ayant un acquis professionnel, qui soit présent dans le réseau professionnel et fasse des recherches. J’avais envie de réfléchir à ma pratique car, dans son poste, on a des contraintes, on agit dans l’urgence. J’avais envie de mieux m’ancrer dans la théorie, de communiquer mon amour pour ce métier.
Pourquoi avez-vous choisi cette profession ?
Ce n’est pas le fruit d’une démarche raisonnée. Je n’ai pas, comme le font certains étudiants, comparé le marché du travail, ni analysé ce que l’on pouvait faire avec tel diplôme. J’avais envie de faire un métier du patrimoine. En fait, c’est la rencontre avec des archivistes qui m’a amenée aux archives. Ils étaient passionnés par leur métier et avaient un épanouissement qui faisait envie. J’ai fait donc un stage puis un second qui ont confirmé cette voie.
Comment définiriez-vous le métier d’archiviste ?
Ce métier a plusieurs profils, plusieurs missions. On peut être tour à tour dans les différents profils. On peut donc évoluer dans le métier. Ce dernier est un métier « au service de ». Il faut avoir envie de mettre sa compétence au service d’un certain nombre d’autres acteurs : le producteur d’archives, le chercheur en salle de lecture, l’enseignant dans un service pédagogique… Il faut donc être empathique, se mettre à la place de l’autre. C’est un métier de contact avec divers interlocuteurs qui nécessite d’adapter sans cesse son discours.
L’éventail des missions est large et peut aller de l’organisationnel à la valorisation.
L’archiviste est la personne qui, au sein d’un organisme, a une vision globale. Il doit faire des efforts pour comprendre l’ensemble des activités de production. Cela est peu courant d’où l’intérêt de ce métier. Il faut être curieux, avoir envie de comprendre les choses, avoir de l’exigence vis-à-vis de soi, être précis. C’est satisfaisant.
Que préférez-vous dans ce métier ?
J’apprécie que ce métier nécessite un travail à plusieurs comme les rapports avec les collègues, les producteurs ou les liens avec le réseau professionnel. On a de nombreux contacts, une ouverture, ce qui est plaisant.
J’apprécie que les documents rencontrés soient variés. On peut être avec un document du XIIe siècle et, juste après, avec un datant des années 1980. Il y a aussi l’intimité avec les documents. C’est un émerveillement qui ne m’a jamais quittée. Ce qui est intéressant lorsque l’on classe un fonds, c’est la connaissance intime que l’on a de l’organisme ou de la personne concernée qui en sont à l’origine.
Il y a aussi le traitement scientifique des archives. Le contact avec les chercheurs est également intéressant car on se sent vraiment utile.
J’apprécie, de même, d’organiser les choses, de porter un projet, de convaincre, de convertir à celui-ci. Il est appréciable de s’adapter à un environnement pour être un levier afin que les choses fonctionnent mieux.
Quelles sont, pour vous, les évolutions fortes de ce métier ?
Il y les technologies de l’information et de la technologie (TIC). Mais, en fait, la principale évolution est le fait de devoir s’ouvrir et de prendre en compte d’autres réalités de l’information que celles que l’on connaît. Plus que l’adaptation aux nouveaux supports, c’est l’adaptation à leur organisation qui constitue une véritable évolution. L’archiviste ne doit pas rester isolé du monde extérieur. Il doit apprendre d’autres « langages ».
La normalisation a aussi un poids de plus en plus important. L’ensemble de l’activité de l’archiviste est encadré de manière plus serrée que dix ans auparavant
L’archiviste reste un archiviste. Son intégration dans son environnement nécessite une maîtrise désormais de plus d’éléments qui ne sont pas liés par nature à son métier.
Quels sont, pour vous, les points forts du parcours archives dispensé à Angers ? Quelles sont les spécificités de la formation d’Angers par rapport aux autres ?
Tout d’abord les cursus proposés et leur longueur sont variés. Cela donne une offre de formation dense. La formation dispose donc d’un nombre d’heures important qui permet aux entrants en master 2 une mise à niveau. On peut ainsi intégrer des étudiants à des niveaux différents.
Le département histoire de l’université a toujours souhaité des professionnels des archives et des chercheurs comme enseignants de cette formation. Les personnes en charge de la formation donnent donc de la cohérence avec les intervenants extérieurs. Elles font le lien entre les professionnels et les chercheurs du département. Elles sont partie prenante du département d’histoire qui est un département de recherche. Cela donne une reconnaissance à la formation, nécessaire pour avoir un nombre d’heures par exemple.
Pour ceux qui optent pour le cursus long, la première année de master constitue une articulation où l’on passe de la posture d’historien à celle d’archiviste. C’est un passage qui doit s’opérer avec le temps.
La méthode pédagogique employée est aussi un point fort. Faire travailler les étudiants en mode projet par petits groupes sur du réel est important.
J’ai la conviction qu’une formation archives doit rester sur ses fondamentaux. Cela permet d’évoluer et de s’adapter. Il ne faut pas se spécialiser trop vite. La vie professionnelle, les goûts, les rencontres se chargeront de cela.
Une autre spécificité de la formation est que, lorsque l’on interroge les anciens de la formation, ils gardent un bon souvenir de l’année passée à Angers. Le cadre est important : la ville, les bonnes conditions de travail, les activités possibles au-delà de la formation…
Dans quelle direction souhaitez-vous faire évoluer la formation ?
L’adaptation aux modes et aux changements de la formation s’effectue de manière régulière. Cela se fait par l’écoute du milieu professionnel. Depuis quatre ans, une partie du contenu de la formation a évolué ou est présentée de manière différente. Ce n’est pas une vraie difficulté.
En revanche, l’effort doit être plus porté sur l’environnement théorique. Quand on pense à une formation professionnelle, on pense à des recettes, à des techniques. C’est comme cela qu’une formation rate son objectif. Elle doit donner une ossature théorique pour qu’il soit ensuite possible de s’adapter et de créer une méthodologie. Dans les années à venir, il y aura des changements comme la gestion de l’électronique. Au moment où la tentation est à l’atomisation des connaissances, il est nécessaire d’avoir une réflexion pour développer une synthèse et des lignes directrices.
Comment sont choisis les étudiant intégrant le master 2 Archives d’Angers ?
La sélection des étudiants se fait d’abord sur dossier puis sur entretien devant un jury composé d’universitaires et de professionnels.
Pour la sélection sur dossier, un bon dossier universitaire est un avantage non négligeable. La motivation est également déterminante. C’est une notion mal cernée par les étudiants. Elle se sent dès le dossier avec la lettre de motivation, qui est un exercice discriminant. Elle se voit aussi à l’oral.
Il n’y a pas de profil précis cherché. On ne recherche pas des étudiants ayant un idéal professionnel particulier. On essaie avant tout de voir leur enthousiasme, de voir s’ils ont envie de faire ce métier et se projettent dans celui-ci.
Remarquez-vous une évolution au sujet des étudiants ?
Je suis surprise qu’ils n’aient toujours pas un lien apaisé avec l’informatique. Je regrette l’absence d’une culture informatique.
Je constate que les compétences évoluent. Les exercices classiques et l’écrit sont moins bien maîtrisés. Mais, cela est contrebalancé par une maîtrise de la communication plus large, meilleure.
Enfin, les étudiants semblent, en général, plus stressés. Cela s’accompagne de difficultés à gérer les priorités. J’aimerais qu’ils soient moins utilitaristes et plus épanouis dans leurs démarches.
Interview réalisé le 13 février 2008 par Jasmine R. et Lucie M.